Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë

Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë est un roman tellement riche et dense qu’il est dur de lui rendre justice dans une chronique. C’est une œuvre inattendue, insaisissable. Elle tient du page turner mais ne tombe jamais dans une malheureuse et malvenue facilité. C’est un roman magistral, qui laisse une marque, un souvenir puissant.

Photographie du roman les hauts de hurlevent
📘 Les Hauts de Hurlevent, d’Emily Bronte, aux éditions Archipoche collector
📸 Julie – Echo des Mondes

Les Hauts de Hurlevent – Résumé

Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. M. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l’ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s’approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste.

Informations sur l’édition

Wuthering Heights
🔖 Editions Archipoche (2018)
📖 456 pages

Couverture du livre les hauts de hurlevent d'emily bronte aux éditions pavillon poche
📙 Couverture des Hauts de Hurlevent aux éditions Pavillon Poche

Les Hauts de Hurlevent – Avis

Les Hauts de Hurlevent a été écrit en 1847 par Emily Brontë, mais ce roman pourrait aussi bien être contemporain. Mystifié par plus de 170 ans d’existence, ce roman est vendu telle une histoire d’amour. En réalité, c’est une œuvre symbolique du mouvement culturel du romantisme : le sentiment contre la raison, le mystère, le fantastique, l’évasion, le rêve, le morbide, l’idéal, le cauchemar. C’est aussi un thriller familial qui tourne à la vengeance. En somme, un récit étonnant ! D’autant plus étonnant qu’il a été écrit par une Emily Brontë vivant recluse, ignorante de l’amour. Elle s’est inspirée de son propre drame familial, de l’actualité amoureuse relatée dans les journaux et des livres qu’elle affectionnait. 

Aussi surprenant que cela puisse être pour un roman considéré comme un classique, le style est abordable, le vocabulaire et le langage accessibles. La plume est libérée (surtout pour l’époque). C’est vraiment déroutant. La narration se fait au moyen d’une mise en abyme qui permet de condenser quelque 29 années.

Emily Brontë offre un roman riche et complexe, mis en valeur par une narration inimitable. Tout y est impalpable, mystérieux : quelque part entre le rêve et la réalité. Bien que le texte soit pauvre en description, l’auteure ne passe rien sous silence. De la physionomie des protagonistes à la beauté des décors, l’ensemble évolue sous nos yeux. On se laisse conter l’histoire, sans détour : le bon (rarement) et le mauvais (prédominant).

Le roman soulève les questions de fatalité/providence, de la violence dans les relations humaines, de la domination, de la faiblesse, de la nature humaine, de la jalousie, de l’amour impossible, du syndrome de Stockholm. L’ensemble contribue à la noirceur du récit et des faits développés, bien éloignés des conventions morales de l’époque. Le dualisme est omniprésent : Heathcliff/Linton, animal/humain, démon/ange, barbare/civilisé.

Les protagonistes sont complexes, ambiguës. Ils s’aiment, se font souffrir, créent et attisent leurs haines eux-mêmes, s’enlisent dans leurs maux. Avec eux, toute la noirceur de l’âme humaine est représentée. Particulièrement avec Heathcliff. Son caractère est noir, subversif. Il est aussi le plus crédible de tous, malgré qu’il soit décrit comme un animal/un démon. Il semble le plus humain, car l’on ressent sa profonde souffrance après qu’il ait été trahi dans ses sentiments. Il est perdu dans sa vengeance absurde et finalement, il perd tout. Il aura fait souffrir les autres, sa propre famille, même ceux innocents de son malheur.

L’ambiance est sombre, froide, effleurant le glauque. La violence est exacerbée autant dans les actes que dans les paroles. La douleur est présentée comme une amie de tous.

Bien que les lieux où prend place l’intrigue soient ouverts (les landes et les deux résidences), un huis clos se construit. Les protagonistes vivent en vase clos et semblent ignorer l’existence d’un monde hors les monts.

Les livres sont un élément central du roman. Ils permettent une plongée concrète dans la vie des protagonistes (grâce aux journaux intimes) ; font figures de l’évasion des personnages hors de la prison des landes ; sont également symbole du lettrisme et de la recherche de la civilisation.

Autre figure obsédante du roman : la mort. Elle est crainte, désirée, à la fois empoisonnante ou libératoire. C’est sur elle que se finir ce roman. Avec une image tout aussi paisible que révoltante.

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