Personnage emblématique des romans classiques, contemporains, jeunesses, fantastiques mais aussi des contes et légendes ; tour à tour vieille dame effrayante, femme fatale, habile magicienne ou femme savante; la sorcière est partout en littérature, dans la pop culture et dans l’imaginaire européen.
Sorcière : Dans les contes de fées, femme en général laide, qui possède des dons surnaturels, qu’elle utilise pour faire le mal.
Dictionnaire Larousse

La sorcière à travers les siècles
La sorcière, personnage transgressif s’il en est, dépasse toutes les limites acceptées par la société pour les femmes. Trop vieille, puissante, séductrice, désirable et indésirable. Ce personnage auquel on attribut volontiers et depuis des générations des attributs terrifiants/repoussants et malveillants ont beaucoup évolué au travers des siècles ; métamorphosant image et caractère.
Magie, sortilège et envoutement
En français, le mot sorcière dérive du latin « Sortaris » un terme désignant un « diseur de sorts ».
Femme fatale
La sorcière diabolique s’illustre aux origines par son charme. Pas encore qualifiée comme telle, elle en a déjà les principaux attributs forgeant les traits d’un caractère à toutes épreuves. C’est dans l’antiquité que les premières sorcières se dessinent.
Homère dans l’Odysée décrit la magicienne séductrice : la déesse Circé. Manipulant les drogues pour parvenir à ses fins et métamorphosant ses opposants ; elle est une figure du mal, la première à faire un usage négatif de ses pouvoirs.
La nièce de Circé, Médée, est elle illustrée dans l’œuvre Les Métamorphoses d’Ovide. La cruauté de Médée est plus transgressive encore que celle de sa célèbre tante. Meurtrière, séductrice, elle fait preuve d’une extrême violence dans la manipulation de ses pouvoirs.
Ses représentations sont proches de celle de la sorcière de la renaissance, une femme fatale. Elle envoute, charme, détourne du droit chemin, se fait assassine, dévoreuse d’enfant, pratique une sexualité déviante et fornique avec Satan. Elle est l’incarnation de l’objet de fantasme et de crainte pour les hommes.
Vieille dame diabolique
L’image de la sorcière est principalement véhiculée par tradition orale, au travers de contes populaires, racontés au coin du feu. L’apparition de la sorcière est assez similaire d’un conte à l’autre. De même que son apparence et caractère. Ces récits ont été mis en recueils au 19e siècle par les frères Grimm, Andersen et bien d’autres.
Les sorcières tiennent la part belle au petit peuple dans contes et légendes de l’enfance. Elles sont indispensables aux contes. On en retrouve dans toute leur splendeur dans des titres tels que : Hansel et Gretel, Raiponce, La Petite Sirène.
Tous font évoluer ce personnage décrit comme une femme à l’âge indénombrable, maigre et voutée, au long nez crochu et au rire méprisant. Elle use de sorts, envoutant les aliments, volant les talents et la beauté de ses victimes. Elle cherche le malheur des héros et rappelle aux enfants qui écoutent ses contes qu’il faut être méfiant.
Jeune femme talentueuse
Bien que les méchantes sorcières persistent dans la pop culture (Le Monde de Narnia, Le Voyage de Chihiro, Le Château de Hurle…); ces dernières décennies ont vu se dessiner des sorcières bien différentes.
Des sorcières jeunes, talentueuse ; de bonnes sorcières, en ruptures totale avec l’imaginaire des contes et de la mythologie. Bonnes sorcières, mais qui s’explorent et explorent le monde qui les entourent avec un regard mature. Elle ne cherchent ni destruction excessive ni le malheur des personnes les entourant.
Un type de sorcière que l’on retrouve évidemment dans la célèbre saga de romans Harry Potter, au travers des personnages d’Hermione Granger, Luna Lovegood ou encore Ginnie Weasley.
Une bonne sorcière que l’on retrouve également dans les comics, dans Sabrina.
Plus mature et savante, elle s’illustre également dans All Souls Trilogy, lutant pour vivre la destinée qu’elle s’est choisie.
Dans ces récits, les sorcières sont des adolescentes ou des jeunes femmes pleines de talents ; qui plus est, en plein apprentissage de leurs pouvoirs. Elles sont représentés comme vous et moi, sans exagération de traits physiques. Elles apparaissent avec des particularités dans lesquelles les lecteurs parviennent à s’identifier avec leur curiosité insatiable, leur esprit rêveur ou aventureux.

Savantes et indépendantes : la chasse aux sorcières
Le Moyen-Age et la Renaissance ont été dramatique pour les femmes savantes, les sage-femmes, les guérisseuses ou pour les femmes n’entrant pas dans le moule car souffrant de caractéristiques physiques déplaisante ou de maladies mentales considérées comme dérangeantes ou problématique. Certaines sont décrites comme enclines à céder au diable et aux tentations de chair.
Un écrit aura largement participé à la chasse au sorcière : le Malleus Maleficarum (Marteau des Sorcières) des inquisiteurs Heinrich Kramer et Jacob Sprenger. Le manuel synthétise une variété de croyance permettant d’identifier les sorcières pour les empêcher de nuire.
La grande majorité des victimes de la chasse aux sorcières étaient des femmes de tous âges, exerçant le plus souvent comme sage-femmes ou guérisseuses. Des femmes de pouvoir, sages et indépendantes incarnant la peur vivante des hommes d’Eglise et d’Etat. Une petite minorité des femmes victime de cette chasse était de véritables criminelles, ce fut notamment de cas de la célèbre La Voisin (L’Affaire des poisons à la cours de Louis XIV).
Parmi les procès retentissant qui ont inspiré la littérature, on compte celui des Sorcières de Salem, repris au théâtre avec Arthur Miller ; ou encore celui des Sorcières de Pendle (qui a inspiré le roman du même nom de Stacey Halls).

(Res)sources & aller plus loin
- Alai Web, Une histoire littéraire des sorcières
- Alexis Benech, Littérature de jeunesse et idéologie – Les représentations du personnage de la sorcière
- Enquête de vérité, 9 histoires de sorcières célèbres à travers l’histoire
- Maryse Sullivan, Entre fiction et histoire : la construction de la figure de la sorcière dans la littérature contemporaine
- National Geographic, L’affaire des poisons : psychose à la cours de Louis XIV
- Occulture, Les sorcières de Salem
- Wikipédia, Les sorcières
En conclusion
J’aurais pu faire une dernière partie sur la sorcière comme figure du féminisme, mais dans ce cas, nous aurions quitté les terres fertiles de la fiction pour s’aventurer sur celles non moins intéressantes de la non-fiction, des documentaires.
La sorcière est et restera une égérie autant qu’une créature fantastique qui rythme les lectures pour tous les âges.
A très bientôt pour un nouvel écho des mondes !